
Sep 2020 Bourse : les ressources cachées de la thématique environnement
L’urgence climatique oblige les entreprises à revoir leur modèle économique. Une mutation dont les fonds ESG peuvent tirer parti.
Depuis 2015 et la conférence de Paris sur le climat, on voit de plus en plus de lancements de fonds ESG se focalisant sur la thématique environnementale, et notamment l’urgence climatique. A priori, il n’y a pas de lien direct avec la crise du Covid-19. Mais on peut tracer quelques parallèles. « Une des raisons de la performance des fonds réside dans leur capacité à détecter des entreprises capables de repenser leur modèle économique en fonction des besoins du moment. La rapide création d’un consortium entre Air Liquide, PSA, Valeo et Schneider Electric pour fabriquer des respirateurs en pleine crise est à ce titre symbolique », relève Pierre Valentin (Ecofi Investissements).
« De nombreux thèmes d’investissement liés à la durabilité (atténuation du changement climatique, gestion des ressources et des déchets, etc.) sont des méga-tendances structurelles motivées par l’évolution de la demande, et ne sont pas remis en question par la crise du Covid-19. », résume Wim Van Hyfte, directeur de la recherche et des investissements responsables de Candriam.
Plan de relance verte
Mieux, alors que le rétablissement de l’économie va prendre du temps, le plan de relance verte européen va faire bouger les lignes en favorisant certains secteurs par rapport à d’autres. Si les premiers fonds thématiques environnementaux avaient tendance à se consacrer à des segments précis du marché, comme les acteurs des énergies renouvelables, ils ont maintenant tendance à préférer des logiques d’engagement.
« Notre politique d’exclusion du charbon est innovante et alignée sur l’Accord de Paris. Elle n’utilise pas de logique de seuil afin d’éviter d’investir dans des entreprises très diversifiées mais qui peuvent avoir des réserves de charbon encore très importantes, indique Emmanuelle Mourey. Notre choix est plutôt d’accompagner les entreprises dans leur transition. »
Accompagner plutôt que punir
Cette logique de dialogue entre investisseurs et entreprises prend aujourd’hui une dimension concrète. Ainsi, si Total vient de prendre la décision d’inscrire dans ses statuts sa responsabilité sociale et environnementale, c’est bien sur la recommandation d’un investisseur adepte de l’engagement actionnarial depuis longtemps, Phitrust. De même, un groupement de 11 investisseurs a réussi à faire mettre au vote une résolution demandant à Total de communiquer sa stratégie d’alignement avec les objectifs de limitation du réchauffement climatique.
« Le groupement dont nous faisions partie représentait environ 1,36 %, mais 16,8 % des actionnaires ont finalement voté pour cette résolution, ce qui nous incite à poursuivre, se félicite Aurélie Baudhuin, directeur de la recherche ISR de Meeschaert AM. Le point positif est que le climat a été, avec le Covid-19, un fil conducteur de l’assemblée générale 2020, mais nous continuons de penser, dans un métier aux cycles très long comme celui de Total, que les investisseurs ont besoin de plus de transparence sur la cohérence entre les moyens mis en oeuvre et les objectifs climatiques. »
Ce genre d’initiative est amené à se multiplier et il résume bien l’approche retenue par des fonds comme MAM Transition Durable Actions (Meeschaert AM), Sycomore Eco Solutions (Sycomore AM) ou le tout récent DNCA Invest Beyond Climate (DNCA Investments). Accompagner les entreprises dans les changements qui les attendent plutôt que de les punir en retirant leur argent et en les laissant à des actionnaires moins scrupuleux. La démarche est intéressante et peut s’avérer rentable, car les acteurs les plus rétifs au changement risquent à terme la disparition pure et simple.
Source : https://www.lesechos.fr/patrimoine/placement/bourse-les-ressources-cachees-de-la-thematique-environnement-1210604